Il fait très beau, je dois faire quelques courses, j'ai soigneusement rempli mon attestation achats de première nécessité. Je monte le chemin forestier d'Essargarin, personne au rond-point de la Coynelle, les Lacets, le Village, toujours personne. Je me gare. Ah, si devant chez Jeanne, quelques humains, bien distanciés les uns des autres. Dans la cour de l'épicerie, aussi. Et c'est le dernier salon où l'on cause, même si les distances sont respectées. Et de me dire "Mais qu'est-ce qu'ils foutent là tous ?. Bon c'est vrai qu'on a besoin de contacts humains, même de loin. Mais de là à se rassembler dans cette cour…" A grands pas, munis de mes deux sacs vides, je m'avance vers la porte puis commence mon attente à l'extérieur, un client étant déjà en train de collecter ses achats. Je sens des regards. Je me retourne, et observe que le monsieur derrière moi, lui aussi, tient des sacs vides à la main… le couple après, un panier vide, pareil plus loin… ???? Et enfin je percute, que dans ma distraction habituelle j'ai court-circuité toute une file d'attente, sauf que j'ai une toute petite circonstance atténuante, c'est pas vraiment une file, c'est une dispersion de gens en attente qui se prolonge jusque dans la rue des Gantiers. Ils me regardent, mais pas méchamment. Je m'adresse au monsieur derrière moi : "Si je comprends bien, c'est la file d'attente ?" "Bah oui !", sourit-il. Derrière lui les autres futurs clients sont plutôt amusés. Je rebrousse chemin vers ce qui me semble le début de la file. Je demande au couple : "Mais pourquoi vous m'avez rien dit?" "On est timides !". Le rouge aux joues, je m'installe là où je suis censé être, non sans avoir vérifié auprès d’un papa et son gamin si c’est bien là. Il acquiesce. Et ce moment, dans cette ambiance toute paisible et bon enfant, au soleil, parmi les éclats de voix, et le gamin qui joue avec le chien, devient une belle tranche de vie. Bien sûr j'y retournerai, à l'Épicerie Jeanne. BM
Précédemment (comme on dit dans les feuilletons sur la 2)…
09.54.19.36.54
21 mars 2020 Petite tranche de vie à l’Epicerie…
Chez Jeanne sous confinement