Clément Scudeler, entreprise de travaux agricoles
Une exploitation propre, en ordre de travail et bien rangée, qui au lieu-dit
Le Coin, s'étend sur le versant ouest du lac de Notre-Dame-de-
Commiers, achetée dans les années 80 à l'EDF par Denis Scudeler et
Chantal Maubleu, les parents de Clément. Denis est maintenant en
retraite. Y travaillent en réalité trois unités distinctes, comme nous
l'explique Clément.
Rachel, ma sœur, et ma maman, Chantal Maubleu, sont agricultrices-
éleveuses pour la viande. Elles ont environ 80 limousines, dont 60
mères. Rachel était comme moi au lycée agricole de la Côte Saint
André, elle a un Bac pro Conduite et Gestion d'Exploitation Agricole.
Elles ont le label bio, cela implique pas de pesticides dans les sols, pas
d'engrais chimiques, uniquement des débris agricoles, fientes de
volaille, cornes de bêtes, etc. Les vaches sont transformées aux
abattoirs de La Mure, la viande conditionnée sous vide, revendue en
cassettes de 6 à 7kg, en vente directe sur le bassin grenoblois, sur Vif,
Varces, Saint Martin de la Cluze et Monestier. L'offre de produits change
suivant les saisons, saucisses en été, pot-au-feu et bœuf bourguignon
en hiver, au milieu des classiques viandes à fondue, steacks et côtes de
bœuf. On fait aussi des colis pièces à griller.
Annabelle Rojat,
ma compagne,
s'occupe de la
fromagerie,
également bio,
et des 70
chèvres qui
l'alimentent. Elle
a 26 ans, on
s'est rencontrés
au Lycée
Agricole de la
Côte-Saint-
André, moi
j'étais en Bac
pro, elle elle
passait le STAE, Sciences et Technologies Agronomie et
Environnement. Ensuite elle a fait un BTS Production Animale en
alternance, et on a décidé de s'installer ici. Nous avons deux enfants,
Antonella, 4 ans et Sylvio, 2 ans. Sylvio, c'est le nom de mon arrière-
grand-père, qui était du Tyrol italien. J'aime bien les noms italiens.
Et le nom Scudeler est typique du Tyrol, à la limite entre l'Italie et
l'Autriche.
Et puis, donc, moi, c'est Clément, j'ai 27 ans, et je suis en ETA,
Entreprise de Travaux Agricoles.
Ça veut dire que vous avez beaucoup de matériel ?
Oui, des tracteurs pour la fenaison et les travaux de ferme, et des
engins de TP.
Vous faites aussi de l'élagage, non ?
Ah, oui, j'ai aussi du matériel d'élagage, et des épareuses, ces gros
tracteurs avec un bras et des broyeuses pour couper l'herbe et les
branches basses le long des routes de campagne. Je fais ça sur les
routes de la commune l'été.
En fait je m'occupe pas mal de la voirie du village, depuis cinq ans je
fais aussi le déneigement. C'était Robert Riotton qui m'avait confié ce
travail. Le tracteur que j'utilise est le mien, mais l'équipement qu'on met
dessus appartient à la commune. Les étraves de chasse-neige, les
pièces d'usure, les chaînes, etc., c'est la commune.
Je fais des travaux de terrassement, des tranchées à la pelle
mécanique, vous voyez, ou
par exemple la dalle pour
les handicapés devant
l'atelier Gilioli.
Et enfin, les travaux
agricoles classiques,
préparation des terres,
labours et fourrage.
Donc vous n'arrêtez pas…?
Pas vraiment, non, là avec
l'hiver on ralentit un peu,
mais sinon c'est pas tout à fait des horaires de bureau, on a une SAU,
une surface agricole utile de 128ha, répartis sur trois communes,
Saint Martin, Avignonet et Monestier. On reste pas sans rien faire !
Je pose souvent cette question aux agriculteurs : oui ou non est-ce
que vous êtes gênés par la règlementation européenne ?
Aaah, grande question, est-ce que ça m'aide ou est-ce que ça
m'emmerde ? Un peu les deux, forcément, c'est donnant-donnant,
50% des revenus agricoles sont des subventions de la Politique
Agricole Commune de Bruxelles, on ne va pas s'en plaindre, et du
coup, effectivement, il y a des demandes d'engagements, des
documents à remplir, voilà. Mais c'est normal. Ce qui est beaucoup
plus contraignant, pour la fromagerie par exemple, ce sont les
normes d'hygiène françaises, salle blanche, etc. Alors là, c'est très
rigoureux, et ça aussi c'est normal, c'est la
santé des gens qui est en jeu. Mais en
plus, le label bio rajoute des couches,
c'est encore plus rigoureux. On vend bio,
il est logique qu'on soit en conformité. Les
murs sont en panneaux sandwich, métal
et pvc, carrelage blanc par-terre. Et les
contrôles d'hygiène sont très fréquents.
Le label bio ça concerne aussi les
animaux, évidemment ?
Oui, bien sûr, la nourriture, d'abord. Le
fourrage bio, c'est zéro aliment extérieur
à la ferme, tout est produit sur les terres,
sauf les pierres de sel. Et puis le label
bio, c'est aussi les soins aux animaux. La
place de chaque bête, il y a des normes
d'espace pour chaque animal. Et en cas
de maladie, les délais de traitement sous
antibiotiques sont très surveillés.
Et vous vendez directement ?
Pas tout à fait, mais on vend localement, via des points de vente, La
Boulange à Sinard, l'épicerie Chez Jeanne, l'épicerie à Lalley, et les
AMAPs…
Les AMAPs ??
Oui, Aide au Maintien de l'Agriculture Paysanne. Ce sont des
associations chapeautées par Alliance PEC (Paysans, Ecologistes,
Consom'acteurs), créées par des gens qui se regroupent pour
acheter directement des produits agricoles. Vous demandez à y
entrer en tant que client, et voilà. Il y a des dépôts à Vizille,
Sassenage, Varces, et trois dépôts sur Grenoble, Pousses Vertes,
Clair de Lune et La Bruyère. L'intérêt pour nous producteurs c'est
qu'on est payés quatre mois à l'avance. La contrainte, c'est qu'en
AMAP, si on n'est pas labelisé bio on ne vend pas. Et évidemment
notre fonctionnement est surveillé de près.
Donc il y a un avenir pour des exploitations comme la vôtre ?
Oui, je pense qu'à terme, à part les grandes exploitations quasi
industrielles des plaines, il ne restera que nous, petites structures
orientées vente directe, pour une clientèle de gens qui sont pour
l'agriculture de proximité et qui aiment manger propre.
1er décembre 2014
propos recueillis par
Bernard Moro et Paul Riondet
Contact :
Anabelle Rojat,
0658203840
Contact :
Chantal Maubleu,
0672248407
Rachel Scudeler,
0663526353
bâtiment
matériel:
tracteurs,
etc.
stockage
foin et
matériel