Le document ci-dessous est l'abrégé d'un entretien conduit par Nasrine Kahia de Mairie Magazine, en avril 2014, auprès de Jacques Pélissard, Président de l'Association des Maires de France. Nous avons pensé qu'il était important de partager avec vous les informations qui s'y trouvent. Le développement des intercommunalités est-il dangereux pour les maires ? Toutes les études montrent que le maire est l'élu préféré des Français. Le développement de l'intercommunalité ne remet pas en cause ce lien de proximité et de confiance entre le maire et ses concitoyens. L'intercommunalité est un outil au service des communes. Elle a vocation à porter des projets communs, pas à se substituer aux communes. Le problème, c'est que l'accord actuel sur le transfert de la compétence PLU aux intercommunalités dans le cadre de la loi ALUR implique qu'une minorité de 25% des communes concernées peut verrouiller le processus. Cela favorise une minorité de blocage plutôt qu'une majorité de projet, fondée sur le consensus. Mais nous travaillons pour améliorer les choses. Quel est l'impact du plan d'économie de 50 milliards annoncé par le Premier Ministre ? L'avenir est sévère, voire sombre, en particulier pour les plus petites communes. Nous préconisons donc, avec des mesures d'aides financières incitatives, la création de communes plus fortes qui se regroupent, sur une base volontaire, au sein d'une commune nouvelle en recherchant le plein effet de la mutualisation de leurs compétences, de leurs ressources et de la simplification des obligations administratives. Le Premier Ministre a annoncé une baisse de 10 milliards d'Euros des dotations aux collectivités locales, soit une baisse de 3 milliards par an de 2015 à 2017. Or c'est le niveau communal qui porte l'essentiel de l'effort, les niveaux départemental et régional ayant bénéficié de mesures compensatoires parallèlement à la baisse de leurs dotations. L'état doit réduire les normes et les charges transférées, sinon cela ne sera pas tenable. L'AMF va rencontrer le ministre concerné. Que pensez-vous de la suppression des Conseils Généraux ? Concernant les départements, nous sommes au bout d'un système. Les conseils généraux sont très majoritairement distributeurs d'aides sociales prescrites au niveau national. A-t-on besoin d'une collectivité territoriale élue pour gérer des dépenses décidées exclusivement par l'Etat ? Nous devons nous interroger sur les économies réalisables en mutualisant à l'échelle intercommunale certaines compétences (politique d'action sociale, collèges, etc.). La métropole lyonnaise est innovante à cet égard. Je crois beaucoup au couple bloc communal – région et à la constractualisation sur des objectifs partagés. Que dire de la réforme des rythmes scolaires ? Outre les difficultés d'organisation des nouveaux temps périscolaires et au recrutement d'encadrants bénévoles ou professionnels, c'est le financement de ce dossier qui nous inquiète depuis le début. Nous sommes en train de demander au ministre, Benoît Hamon, que le fonds d'amorçage soit pérennisé et sensiblement renforcé. Compte tenu des coupes annoncées dans les dotations aux collectivités locales, ni les communes ni les intercommunalités ne seront en mesure de dégager les financements supplémentaires induits par cette réforme qui est de la responsabilité de l'Etat. L'AMF continuera son combat. synthèse Bernard Moro