les gens d’ici...
Tout ou presque commence par cette photo qu'exhume J-P Gonidec, né à Tunis et qui habite maintenant en Bigorre. Le monsieur en uniforme des Douanes est son grand-père Paul- Marie Gonidec, qui a épousé à Sousse, Tunisie, une Claire Eugénie Allard. Jean-Pierre découvre que cette dernière est née à Saint Martin de la Cluze en 1891 de Pierre Eugène Allard, cultivateur et de Louise Malcie Cappela Vigna. Ses recherches généalogiques lui font alors revisiter, dans le microcosme de son histoire familiale, les grands mouvements de notre Histoire. C'était l'époque de l'exode rural, la terre ne nourrissait plus suffisamment les familles; mais pour la plupart, les jeunes gens nés à la campagne choisissaient de s'exiler vers les villes proches. Alors pourquoi et comment cette toute jeune femme a-t-elle opté pour la Tunisie ? Elle avait alors 18 ans, avait perdu sa mère à l’âge de 10 ans, son père s’était remarié et elle avait deux très jeunes demi- frères. Compte tenu de son âge et de sa modeste situation, elle ne pouvait se lancer seule dans l'aventure tunisienne, mais rejoignait des "pays" qui s'y étaient déjà établis. Et l'on découvre effectivement que l'un des témoins de Claire lors de son mariage à Sousse en 1910 était un Henri Signoretty, négociant en cette ville, et né à St Martin de la Cluze. Claire, la petite saint-martinou, épouse du douanier de Djerba, dut apprendre non seulement l'arabe, mais aussi le breton, seul mode d'expression de sa belle-famille ! Telles sont les contraintes de l'exil… A cette même époque apparaît aussi à Tunis un Gustave Signoretty, né de même à St-Martin-de- la-Cluze de Jean-Alexandre Signoretty, maître tuilier à St-Martin, et de Julienne Adélaïde Malrig. Il était Officier du Nicham Iftikar, ordre honorifique tunisien qui récompensait des services civils et militaires. Il était également propriétaire négociant, fondateur en 1883 du Magasin Général de Tunis, conseiller municipal et membre de la Chambre de Commerce de Tunis, bref un notable respecté. Le Magasin Général était semblable, à l’échelle tunisoise tout de même, à ce qu’étaient les Galeries Lafayette en France. Et c'est maintenant une chaîne de type Carrefour dont très peu savent qu'elle fut créée par un saint-martinou ! On retrouve également trace de son frère Ernest-Emile Signoretty, négociant à Sousse en 1900. Etrangement, une rue de cette ville a même porté son nom. Ils étaient tous de condition très modeste, plutôt instruits, du moins pour l’époque, et n’avaient aucun avenir dans leur village. Ils en ont construit un de l'autre côté de la Méditerranée. Il s'achèverait dans les années 60…
Les chemins de l’exil
Cette page est à 99% due aux travaux de recherche et de rédaction de J-P Gonidec